dimanche 20 mars 2011

Aujourd'hui pas d'images. J'erre dans ce qui semble être une immense bibliothèque. Le plafond en est caché par des nuages orageux. Des raies mantas volent au dessus de ma tête dans un oppressant silence. Cette bibliothèque est circulaire, en fait un immense mur de livres dont la seule limite serait celle qui est sous mes pieds.
Des éclairs jaillissent, émettant le chant de baleines. Je marche le long de ce mur contenant des livres de toutes hauteurs et épaisseurs. Certains plus fins qu'une feuille, d'autre semblant faire la hauteur sans fin de ce mur.
Au fil de ma marche, je me suis retrouvé face à un livre à taille humaine, il lévitait en oscillant de gauche à droite, doucement. Sa couverture était noire, pas normale, trop sombre, comme si il ne réfléchissait pas la lumière. J'ai cligné des yeux et l'instant d'après je me suis retrouvé avec ce livre en mains, allongé dans un immense coussin marron. Quasi forcé, j'ouvre le livre; une forte odeur de cacao se dégage lors de ma lecture et il y était écrit ceci:
" Toi qui peux prendre ce livre en main, ce que tu t'apprêtes à lire provient du néant. Prends garde à ce que ta lecture ne t'emmène pas là ou tu ne devrais aller, là ou tu ne pourrais plus revenir." Un frisson me parcourt et un bourdonnement se fait entendre. Je pose à nouveau les yeux sur le livre; ce qui semblait être un avertissement avait disparu mais des taches d'encre sortant de mes yeux tombaient sur ces pages et formaient les mots d'un texte que je ne devrais pas lire. Et pourtant voici ce dont je me souviens:

"Sur la route, un être semblait se déplacer, seul et le regard vide à un point que personne ne pourrait imaginer. Derrière s'effondre encore une créature immonde, immense. Il n'en retirera aucune gloire. Comment en est il arrivé là? Lui seul le sait et ne le dira sans doute jamais à qui que ce soit, sans doute par peur. Par contre, certains de ses faits resteront à jamais gravés dans l'histoire, tels des cicatrices d'une violence nécéssaire mais exagérée que l'on n'aimerait oublier mais sans laquelle il n'y aurait pas d'histoire à conter.
Il paraît que tout a commencé sous les étoiles, lorsqu'une de celles ci a disparu. Un destin s'est mis en marche. Il se mit en quête sous l'impulsion d'une passion qui le mènerait sur cette route. Il était jeune et vigoureux et il ne savait pas. Sans la cette étoile, son ciel devint triste et morne et il partit à la recherche de couleurs, de choses à faire et d'autres à ne pas faire. Au début, sans faire de vagues, sans se rendre compte que cette chose en lui disparaissait. Au fil de ses voyages il perdit plus que ce que l'on devrait se permettre de perdre et il en donna encore plus. Il devint fort, pour cacher derrière lui ce qui lui semblait important et plus encore... Malgré sa discrétion, on l'éleva au rang d'un dieu. Refusant cet honneur, il partit loin. La ou aucun n'était allé, là ou aucun ne pourrait revenir. Sur cette terre de dangers, il s'imposa et devint craint et respecté. Il devint roi solitaire d'un enfer qu'il s'était lui même créé.
Jusqu'à cette rencontre ou de grands yeux pleins d'innocence lui rappelèrent ce pourquoi il était parti. Cela fait longtemps maintenant qu'il ne regarde plus le ciel. Parce que ces yeux lui posèrent une question : "Pourquoi tu es vide ?" Le temps se figea dans l'attente d'une réponse qui semblait pouvoir le libérer. Il regarda longuement ces yeux qui le regardaient d'en bas et lui chuchotta que c'est parce que le Vide n'a pas besoin d'être protégé. Et aussi..." A ce moment l'encre cessa de couler et le livre s'éleva doucement en se refermant et il fut foudroyé d'un éclair violet qui me projeta en arrière et me réveilla.

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