jeudi 11 novembre 2010

petit singe bondissant vers la liberté

L'autre soir, j'étais en ville. Il n'y avait personne, le rêve dans le rêve pour quelqu'un comme moi. Cette ville, je la connais trop bien, elle fait partie de ces rêves récurrents, le genre d'endroits ou j'aime être. Mettez vous à ma place un instant, imaginez vous en pleine possession de vos moyens physiques et errant sans but. Que feriez vous ?
Moi je l'ai parcourue , avec elle j'ai testé mes limites, j'ai voulu découvrir les siennes... Et je ne les ai jamais atteintes, jamais dans son horizontalité en tous cas parce qu'aujourd'hui j'ai tutoyé les nuages, j'ai pu atteindre la limite des "cieux" de cette ville et ce fut sans doute une des expériences les plus grisantes (oniriquement parlant) qui m'ai été donné de vivre. Tout a commencé comme d'habitude. Je me promenais, découvrant de nouveaux lieux, places, avenues et boulevards, revisitant les anciens aussi. Je vois aussi des "traces" de mes anciens passages, j'ai vécu des choses ici et cette ville ne veut pas les oublier. Puis je lève les yeux au ciel et je vois à nouveau , ces tours, dressées fièrement au dessus de ma tête, leur sommet était caché par les nuages d'une blancheur éclatante et pour la première fois j'ai envie de savoir ce qu'il y avait au dessus. J'aurais pu prendre l'ascenceur mais c'aurait été nettement moins intérressant à mon gout. Alors doucement, je me lance dans une course afin de "m'échauffer" un peu, pourtant je cours déjà à vive allure. Un banc se présente devant moi, je passe avec une facilité déconcertante. Puis vient une barrière, je n'ai pas le temps de penser qu'elle est déjà loin derrière moi. Un mur se présente devant moi, je n'hésite pas, je prends une impulsion sur lui, je ne devrais pas fermer les yeux, mais je le connais et d'instinct, je sais quand poser les mains pour me permettre de passer par dessus ce mur. Le vent qui siffle me fait penser à cet air qui a comme une odeur de liberté... Les lois de la physique, notamment celles de la gravité et de l'inertie se rappellent à moi, plusieurs fois, je tombe lourdement. Rien ne m'empêchera d'atteidre mon but, et j'aime cette sensation de légereté et de facilité. Fort de ces différentes expériences, je cours, saute et enjambe avec de plus en plus de facilités ces obstacles. j'enchaine les figures de style avec une facilité déconcertante, je me dis que j'aurai aimé être accompagné, mais aurait-il ou elle pu me suivre? Cette assurance et aisance quasi surnaturelle me fait presque peur.
Au fil de ma course je quitte le quartier des tours et me retrouve dans une zone avec des bâtiments peu élévés, je grimpe alors jusqu'au toit de l'un d'eux et m'élance sans interruption pour atteindre le toit suivant, pui encore et encore, jusqu'à me retrouver devant une place verdoyante, un "cube" de forêt serti dans le bitume j'y entre et ai l'impression de quitter cette ville, quand je me souviens alors être déjà venu ici... il y a longtemps, je sais ce que j'y trouverais si je m'avance plus encore, je m'éloigne de ce lieu et avec la vélocité d'un félin à pleine vitesse, je me retrouve alors sur une autre place entourée d'arbres je me place en plein centre et m'allonge dans l'herbe, avec le soleil comme berceuse....
Je me réveille, je n'ai pas oublié mon but alors je m'élance, vite à l'assaut de cette ville, je suis excité comme un petit singe qui découvrirait sa nouvelle forêt, à nouveau j'explore et prends de nouveaux chemins, des voix plus aériennes s'ouvrent à moi, mon corps prend des poses auxquelles je n'aurait pas pensé, je saute de plus en plus loin... Je m'amuse comme l'enfant que j'aurai aimé être. Finalement je suis devant ce défi, voir au dessus des nuages, la voix est ces trois tours qui semblent encore plus grandes, plus immobiles, plus charismatiques, plus et tellement plus encore. Malgré cela je m'élance avec une certaine appréhension et respect.

Les choses sérieuses étant sur le point de commencer je prends mes écouteurs et les mets en place, tel un guerrier se préparant pour aller en guerre. Je suis maintenant décidé, guidé par mon instinct et un rythme électronique, je bondis de parois en parois. je grimpe, saute m'aggripe et passe vite, je suis sur de mes appuis et rapide. Je cède de plus en plus de place à cette partie de moi qui veut toucher les cieux, cette partie joueuse qui dans d'autres circonstances me causerait bien du soucis. Je suis très curieux et impatient de savoir ce qu'il y a la haut. Alors je suis un peu plus violent dans cette montée, mes appuis sont plus intenses et mes sauts plus longs, j'ai l'impression que le bitume craque sous mes pieds. Je veux savoir, et je sais que je le regretterais si je n'y arrivais pas maintenant. Les tours sont hautes mais la fatigue n'a ps prise sur moi, et en même temps tout devient plus facile. Tout devient plus long et puissant, mes sauts, mes impulsions, lors d'un tour sur moi même je constate que ce n'étais pas qu'une impression, le fait que le béton craque sous mes pieds. La limite se rapproche, je suis plus vif. Je veux savoir, mes sauts sont trop longs et à chaque impact, j'abime cette ville qui m'est si chère. Alors je me mets à courir à la verticale, chose relativement étrange car je sens que si je m'arrête, je tombe. Cette course me fait comprendre que c'est encore loin, je pense être sur la plus grande des tours et je suis aussi proche de la limite alors je me remet à sauter. C'est grisant, toute cette adrénaline qui coule en moi. Je sens que je ne peux aller plus loin alors je prends appui sur cet immeuble et fait le plus grand saut qui m'aie été donné de faire, je ferme les yeux le temps de passer cette couche de nuages, qui s'est révélée être trop fine et mon bond lui est long, trop long.
Ca y est, je suis au dessus et il n'y a rien, les tours s'arrêtent net à la couche de nuages. Sous mes yeux il n'y a que le vide bleu et l'horizon, cette droite que j'aimerais tant toucher. Il y a d'autres nuages au dessus de ma tête et c'est tout, ce vide serein et calme. Je sens que mon ascencion s'arrête, je suis en apesanteur pendant un instant d'éternité comme si je devais observer et graver en moi cette image à jamais. Puis la Gravité se rappelle à mon bon souvenir et je tombe, j'ai les yeux fermés, une autre musique se pose dans le creux de mon imaginaire, me bercant avant mon retour sur Terre.

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