jeudi 17 novembre 2011

du bitume

De retour dans mon jardin et il y a longtemps que je n'ai pas bondi. Je m'étire et m'assouplis longtemps. Je trottine doucement entre les barres. Je n'ai aucune envie de grimper, je suis dans un endroit que je n'apprécie pas parcourir et même l'ombre qui passe au dessus de moi ne me sort pas de cet etat d'esprit. Je n'irais pas la chercher, je continue et sort de cet endroit banal qui pourtant renferme un puissant mystère et me retrouve sur une avenue faite d'immeubles à taille humaine. Un peu plus agréable au regard et l'envie de sauter me prend. Un frisson. Une silhouette que je ne peux que sentir, je me retourne pour voir qui ose. Elle, encore et je ne m'habituerais jamais à ses visites ni la façon dont elles finissent. Mais c'est différent cette fois là, deux grandes fenêtres marrons me devorent des yeux dans l'attente d'un geste et ils semblent retenir des choses. Je m'approche et elle recule que veut elle? Des questions que je ne veux pas me poser, je m'en vais mais je n'arrive pas à ignorer ce couinement presque inaudible alors je me retourne encore les mains dans les poches et la fusille du regard. Elle ne pleure pas vraiment mais l'illusionde voir un fleuve s'écouler par ses yeux. Inévitable j'étais loin et la voici dans mes bras alors que ses n'avaient pas fini de se fermer. Elle ne réagit pas, je la colle tout contre moi. Ses sentiments passent à travers ma peau et je comprends. D'un geste, elle comprend qu'elle doit me suivre, si elle y parvient... Technique, dangereux pas de passage au sol si à l'aise sur ce parcours je me permets quelques futilités, elle est haletante et semble avoir du mal, mais je ne l'aiderait pas. Tu domines ce lieu ou il te dominera. "Je t'ai connu en meilleure forme petite fleur!" Réaction que j'espérais, j'aime cette flamme dans ses yeux, il n'y a rien qu'elle retient maintenant, juste l'envie de me rejoindre, si elle y parvient. Cet endroit est piégeur et il m'a fallu du temps pour le maitriser. Elle arrive, plus qu'un saut mais c'est loin d'être fini. Prochain bond en aveugle, elle n'a pas ma force et pourtant elle n'a pas le choix elle saute ou ca s'arrête ici pour elle. Il semble qu'elle ne connaisse pas la raison et son saut dans le vide me confirme ce doute, il y avait un mur à sa droite... Je dois la chercher et me laisse glisser dans les airs. Je la rejoins. "Tu ne seras pas toujours la plus forte." Un félin retombe toujours sur ses pattes, et avant que je ne me relève un choc me jette sur le bitume chaud. Une froide étreinte et encore cette sensation désagréable. Impuissance devant cette chose invisible qui la submerge. Je resserre mon étreinte, un peu trop fort sans doute car un craquement sourd se fait entendre. On ne peut s'empêcher de rire à ce bruit. Allongé sur le bitume, je la laisse me mordre et me griffer elle ne me fait pas mal et je ne peux réprimer les frissons qu'elle fait naître sous ses crocs et le métal de ses griffes, pourtant je me perds en sachant ou je vais dans l'immensité des cieux... Elle me sort de ma torpeur et ses grands yeux félins me fixent étrangement puis se ferment, mon visage se rapproche doucement, je ne contrôle pas. Nos truffes se frôlent, je ferme aussi les yeux, ronronnant en réponse à ce contact. Ses griffes se plantent dans mon bras, ses lèvres contre les miennes. Un vent léger et doux contre ma peau, dilatation temporelle... Lorsque je les rouvre, il fait nuit noire et je suis seul. Au loin, un appel que je connais mais je n'ai plus aucune force.

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