vendredi 20 janvier 2012

Une maison

Une maison désaffectée à l'ambiance sale et sombre. Des fenêtres sans rideaux qui donnent sur le ciel nocturne parcouru de veines blanches qui partent de la lune. J'erre dans ce lieu qui semble infini. Les portes qui ne s'ouvrent pas sont nombreuses et je ne cherche pas à insister vu les bruits qui en sortent. Un porte est différente des autres, ouverte, donne sur l'extérieur. C'est la seule et je le sais. J'avance vers elle et je vois des gens qui m'attendent.


Je suis enfin la, un pas me sépare de ce qui ressemble à ma liberté. J'observe encore ces gens. Le dégout qu'ils m'inspirent, tout dans leur attitude me déplait mais ils me font peur. Une main glacée se pose doucement sur mon épaule et m'attire doucement vers l'intérieur. Comme si entre deux horreurs un choix avait été fait. Toutes les portes s'ouvrent. Les plaintes, cris et tourments se libèrent. C'est étrangement agréable et ca se transforme en mélodie. Un son froid et précis complété par des percussions lentes mais puissantes. Un chant pour moi.

Au fond d'un long couloir, il y a une salle en meilleur état mais avec un mur en moins laissant la vue sur une chaine de monts dont les sommets ressemblent à des crocs qui veulent entailler le ciel toujours aussi éclairé par la lune. Le sol est jonché de feuilles blanches et de sang séché. Il y a un bureau qui placé en face du panorama un pot à encre et une plume couleur de feu, il y a aussi un couteau finement taillé. Je me dirige comme si je savais quoi faire et m'assied, place le pot d'encre au dessus de mon bras avant de l'entailler du coude au poignet. Un liquide tres sombre quitte mon corps pour se déposer dans le pot. Je prends la Flamme-Plume et la trempe. Une grande inspiration, comme si ca serait différent des autres fois. Une goutte quitte la pointe pour se déposer doucement sur la feuille. Capillarité improbable, l'encre se déplace comme si le dessin était déjà fait. Des ailes harcelées par des ronces, elles protègent un masque dont elles sont la source et qui lui même garde deux épées. Il finit par terre comme les milliers d'autres. Je m'avachis et m'empresse de me faire hypnotiser par l'astre blanc afin de ne pas retourner dans les autres pièces. Il y a un miaulement au loin. Je plonge ma plume dans l'encre et prends une plus grande feuille, cette fois j'ai le temps de poser le poignet sur mon support. Je reste un temps avant de libérer ce que je pense. Les courbes déliées, les dégradés et ombres. Marquer le contraste. J'ai mal mais je continue, il y a quelque chose qui manque. Griffonnement furieux allant jusqu'à mettre les doigts. Assombrir, hachurer et puis éclaircir.

Je me relève avec le bras complet endolori. C'est ma main gauche qui lève la feuille au regard de la lune. L'étrange sensation que ce dessin n'en est pas un. Ce visage va sous le masque, l'encre fixée ne devrait pas bouger pourtant il sourit. La tigresse noire et aux rayures blanches aussi se déplace sans bruit sur la feuille. Le miaulement au loin se fait entendre à nouveau. Quelque chose m'empêche de jeter ce dessin au sol. Il me plait, c'est la sensation que j'ai. Douloureusement je finis par m'endormir sur le bureau et sur le dessin. Je crois entendre des mots qui viennent de sous mon avant bras. Ce bureau n'a jamais parlé.

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