vendredi 28 octobre 2011

L'oeil du cyclone

Réveil dans le vent. Un léger rire qui a un air de grognement. Je suis au dessus du Nuage, observant mon ombre avec attention. Une forme rare que je ne prends que pour les grands rêves et pourtant je sais et sens qu'il ne se passera rien. Je suis hybride, je perçois l'humain que je suis mais aussi une immense paire d'aile battant doucement les cieux."Elles me semblaient plus petites la dernière fois..." J'ai beau tendre les bras, je n'en atteindrais pas les extrémités.

J'aurais pas du ouvrir mes bras.

Quelque chose qui dormait dans mes bras a glissé et file trop vite vers le bas. Je devrais la rattraper avant qu'elle ne réveille et que son cri ne me vrille les tympans, et pourtant je suis si lent et si bien.

J'ai le temps.

Je suis si sur de moi, je l'aurais et au dessus du trou qu'elle a laissé, je compte:
Un.
Deux.
Deux et demie.
Trois.
Trois un quart.
Trois et demie.
Trois trois quarts.
...
Quatre.
Quatre vingt cinq.
Je n'irais pas au bout, sous le nuage, c'est le déluge. Je plonge en piqué dans la tourmente, le tonnerre gronde et il tombe des grêlons martelant ma peau. Mais cette violence n'est que visuelle car c'est la morsure du froid qui me fait souffrir. Je n'imagine pas ce que doit subir le petit être.

Plongé en piqué.

Je n'ai jamais été aussi vite. Sans doute parce que la glace a prise sur le bout de mes ailes, je suis une pierre lancée à trop grande vitesse pour récupérer ce que j'ai laissé tomber. Et je vois justement ce dont je parle. L'excitation et la joie voir que malgré l'environnement elle dort encore me font aller plus vite. Tension du corps dans une chute qui a un but et dans l'instant, ralentissement suprême au contact d'une peau froide afin d'admirer l'éclair, corde de lumière tentant de ligoter mes ailes. Elle est à nouveau contre moi, mes ailes se déploient gelées par la glace. Je ne ralentis qu'un peu et ne tarde pas à voir une terre qui se rapproche trop vite à mon gout mais que je ne pourrais pas éviter. 

Technique et contrôle, toutes ailes dehors je pose un pied à terre puis me met à courir. Dans le mouvement, je frappe mes ailes violemment au sol pour les dégager de leur prison de glace. J'ai bien fait et maintenant il me faut repartir avant qu'elle n'ouvre les yeux. Mais la grêle me cloue au sol. Il ne me reste qu'une chose à faire. Mes ailes tremblent et je souris malgré moi face à ce que je prépare, seul je serais resté sous le Nuage mais... Je me force à rester au sol mais j'avais oublié à quel point c'était violent, je fouette à nouveau l'air. Un rayon de lumière, ca fonctionne mais je dois continuer parce que l'écrasement de la grêle m'agace et je n'aime pas non la sensation de ce sol sous mes pieds. Je me suis sous estimé, le dernier battement fut bon mais je pense y être allé un peu fort, l'oeil du cyclone ne va pas se refermer de si peu et il n'a jamais été aussi grand. Je peux m'élancer enfin sans contrainte dans le bleu du ciel et à hauteur du Nuage je regarde le sol en jouant avec les limites de cette ouverture. Immense, je peinerais presque à le traverser.
 "Bonjour".
Elle s'est réveillée et regarde le sol intriguée "regarde, c'est la terre !" je souris encore et penche doucement la pointe d'une aile dans la crême qu'est le dessus de ce nuage."Il fait chaud maintenant". Ravalement de salive gêné en me disant qu'elle aurait pu assister à l'ouverture de l'oeil..."Merci". Silencieusement, je quitte le regard d'un trou qui se refermera bientôt. Il faut que je fasse plus attention à l'avenir. Je vole.

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