jeudi 13 octobre 2011

Lune rouge


Pas de solitude habituelle. Cette nuit sous la teinte de la lune de sang que je suis. Sous ma main le mélange entre l'acier et la fourrure. Mon autre main caresse le fil tordu d'une lame qui ne tranche plus. Je sens la froide matière reluire sous l'éclat de la passion. Le masque vibre un peu, les lames émettent un doux sifflement.
Elle n'a de sang que la couleur. Un grognement mais pas de danger, juste l'envie de jouer, de se tester dans cet appel. Je réponds et fais  frotter le métal des armes une étincelle multicolore apparait. Je souris furtivement et sens que les yeux sombres qui m'observent l'ont remarqué et au fond, j'aperçois de la malice. Ces yeux sont à une louve au poil d'argent, une magnifique armure finement ciselée mais abimée ça et là, j'ai aussi remarqué du sang séché . Mais peut importe, car sous le rouge de la passion nous ferons étalage de nos pouvoirs respectifs et déjà en main j'ai cette épée immense. Bizarrement, le serpent de la colère ne bouge pas, je ne me retiendrais pas, elle résistera de toute façon. Je sens de la détermination chez elle aussi. Les muscles sont tendus et parés pour l'assaut.
Premier choc, violence inouïe, je résiste comme je peux. Je laisse mon épée faire le travail avant de reprendre dessus. Un mouvement lourd mais précis, je sais qu'il ne touchera pas. Ca fait du bien de sentir l'arme si légère mais pas le temps de penser à ça, une patte aux griffes d'acier me rappelle à la raison. Plus vive et moi aussi plus rapide. pas le temps de me rendre compte que je tiens mon arme à une main. Improbable. Première touche. Une plaque vole en éclats sous le choc. Des pétales multicolores jallissent de mon torse noyés dans l'encre. Aucune douleur. Ce n'est qu'un jeu, la balafre n'est plus, tout comme la marque qu'elle visait. Je lache cette lame ci et en prend une autre, plus précise. A ce geste, elle me nargue comme si cela ne serait pas suffisant. Elle semble sure d'elle et se lance à nouveau. Une esquive d'une facilité déconcertante et une tape sur l'arrière train, geste audacieux. Grognement et raclement des griffes dans le sol. Non cette fois ci elle ne m'a pas touché mais moi oui, elle si sure d'elle doit défendre maintenant. Une première passe d'arme, un mouvement qui a pris des siècles pour être amené ce niveau, technique pure, esquive maladroite, la louve perd ses griffes. Je perds ma lame. C'était ma favorite mais qu'importe... Pas le temps de respirer je suis à mains nues, elle ne me laisse pas le temps de profiter de la rouge lueur nocturne. Multiples assauts au mépris de mon armure qui disparait dans les flots d'encre. Gouttes de nuits et ténèbres ainsi que tous les mystères qu'elles contiennent évaporées et piétinées dans la poussière. Je crois qu'elle ne vise que ces parties sombres sur ma peau.
J'ai un peu peur maintenant, j'ai pris cette épée là. Dangereuse, son fil est la limite entre la vie et la mort. Les crocs se reflètent. Formes différentes mais même fonction. Je me lache, et laisse aller libre cours. Un court instant, j'assiste en spectateur.
Vision d'un combat ou la victoire est inutile, les crocs contre la lame. Les dieux ne connaitraient pas l'issue de ce combat. Ce n'est plus un combat. L'arme tranche la lumière et de sensuels mouvements circulaires naissent, la louve ressemble à une agile comète mordant dans la lumière à plein crocs rebondissant sur les murs d'une cage stellaire. On ne distingue plus les corps. Cascade de lumière rouge dérangée en point de chute par deux enfant turbulents ne sachant pas quoi faire de leur force.
Je reviens en moi. Peur. le masque se fissure, la tête prise entre les crocs. Le tranchant glisse sur la dernière plaque. Respect des guerriers, les armes se retirent et se rangent. Un regard puis l'apaisement.
D'instinct les deux paires d'yeux se tournent vers la lune. Je retire mon masque. C'est vrai qu'on sent le vent, je ne baisserais pas la tête et dirige ma paume vers le sol. Contact de la fourrure, mais pas de l'acier. La lune elle, sait à quoi nous ressemblons en dessous. Je remet mon masque. Un picotement sur ma peau, l'encre reprend sa place. La douleur enserre à nouveau, les souvenirs ont repris leur place mais quelque chose dérange, ça bouge. parce que là il y a une tache couleur de nuit. Contact de la fourrure et de l'acier. Souvenir sourire. Je reprends mes épées plantées dans le sol et finis de me laisser hypnotiser par l'astre silencieux. Sourire et chaleur sous l'armure et douce fourrure à mes côtés.
Réveil...

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